Une des questions qui revient souvent est de savoir si un kinésithérapeute non titulaire de l’autorisation d’utiliser du titre d’ostéopathe peut réaliser des manipulations osteo-articulaires, qu’elles soient vertébrales ou non.
En effet, un grand nombre de kinésithérapeutes ont suivi des formations de thérapies manuelles durant lesquelles ils ont appris des techniques de trust et voudraient bien savoir s’ils peuvent les utiliser dans leur pratique quotidienne.
Le décret de compétence nous autorise à pratiquer des mobilisations et des manipulations non forcées. Le problème est de savoir ce que l’on entend par non forcées. L’Académie d’Osteopathie s’est livrée à une étude poussée, littéraire, de ce que l’on peut entendre par manipulation.
Proposition de vocabulaire sur les manipulations
Tous les gens qui manipulent quotidiennement s’accordent pour dire que les manœuvres à grandes vitesses ne dépassent jamais l’amplitude physiologique d’une articulation, donc ne s’apparentent pas à des manœuvres forcées.
En l’absence de définition claire et précise de ce qu’est une manipulation, en l’absence d’un consensus irréprochable sur le caractère non forcé du trust, il est plus qu’important d’être prudent.
L’ostéopathie n’est pas une profession. Actuellement, Ostéopathe n’est qu’un titre qui est accordé à des personnes selon des critères de formation ou d’agrément.
Il n’est pas envisageable, pour l’instant, d’être accusé par l’Ordre d’exercice illégal d’une profession qui n’existe pas.
La seule interdiction que cela implique, de fait, serait d’utiliser ce titre alors que l’on y est pas autorisé.
C’est du côté de la justice et des assurances qu’il faut regarder où sont les risques.
La justice, confrontée à un dossier de ce genre demandera invariablement au MK en cause de justifier dans un premier temps de sa formation initiale, puis continue.
Elle devra mettre dans la balance les quelques week-end de formation en thérapie manuelle face aux milliers d’heures imposées aux ostéopathes. Ensuite elle creusera pour savoir si la consultation répondait bien aux critères communément requis pour la profession : dossier précis, examens complémentaires, consentement éclairé du patient.
Face à cette justice qui devra prendre une position, il reste le problème des assurances. Le MK qui a réalisé les manipulations est- il titulaire d’une RCP le permettant? Quand, il y a vingt ans, j’ai eu besoin de me couvrir pour un tel risque, le prix de ma RCP s’est vu multiplier par cinq.
En bref, il faut être certain de pouvoir justifier d’une formation au moins équivalente à ce qui sert de bases requises pour les agréments d’Ostéopathie et avoir la garantie de son assureur qu’il ne se défaussera pas en cas d’accident. Les conséquences financières d’un tel drame seraient autrement plus importantes que les conséquences juridiques.
Quant à la tenue du dossier, si c’est une pratique courante pour tous les MK, il est beaucoup plus rare de demander des radios préalables puisque en général le patient est adressé par un médecin qui, lui, est garant de ce bilan. ( les radios préalables à des manipulations vertébrales sont recommandées par l’HAS )
Le consentement éclairé est quelque chose de très peu pratiqué dans la profession de Kiné mais il devient incontournable pour les manœuvres » à risques ». Le patient doit être informé des risques encourus, des désagréments de la technique et surtout doit savoir qu’à tout moment il peut demander à ne pas être manipulé.
Voilà où nous en sommes en l’état actuel des choses. Je dis bien en l’état actuel car si vous avez suivi les articles de cette semaine vous avez certainement compris que le sujet est en constant mouvement.
Les kinésithérapeutes sont des gens de sagesse et de prévention, je crois que face aux manipulations il faut savoir rester prudent.
Comme on dit en Anglais : «Thrust me». ( croyez moi )