AVC en franche comté : un constat alarmant.
La journée AVC organisée par le CRO de Franche Comté a réuni devant un public composé de kinésithérapeutes, d’étudiants en kinésithérapie, de médecins et de quelques patients, un panel représentatif des acteurs impliqués dans la prise en charge des AVC dans notre région.
Sur la scène, ont pu s’exprimer, des institutions, des médecins, des kinés salariés, des libéraux, des associations et des patients.
Après un état des lieux sur les techniques de rééducation employées, après un exposé sur les nouveautés technologiques, ( robots, imagerie 3D, télé-rééducation, dossiers sophistiqués traités par serveurs), après un long discours sur l’organisation des prises en charges institutionnelles en Franche Comté, la réalité de la situation a repris le dessus.
Comme pour nous faire un signe, la technologie nous a malheureusement lâchés dès le début. Il était bien dommage de ne pas pouvoir effectuer les questionnaires électroniques qui nous étaient proposés et qui auraient eu le mérite de nous faire réfléchir sur nos failles en la matière.
Plus de 3000 AVC par an en Franche Comté et seulement 6% qui rentrent dans les protocoles recommandés par l’HAS.
Les acteurs ont souligné : une prise en charge initiale souvent trop longue, quand on sait que l’accès à la thrombolyse doit se faire dans les 4H30 qui suivent l’accident; Une difficulté à accéder, 24H/24, à une imagerie performante comme l’IRM; Un manque de coordination des secours quand les appels ne transitent pas par le CENTRE 15; Un manque de praticiens flagrant au bout de la chaine de soins (kinésithérapeutes, orthophonistes etc etc ).
Lors de la table ronde, une kinésithérapeute salariée nous explique, comptes à l’appui, les choix qu’elle doit faire par rapport aux recommandations pour pallier le manque de prise en charge dans son service.
Un kinésithérapeute libéral parle du parcours du combattant qui est le sien à travers les visites à domicile mal rémunérées, la technologie qui avance et qu’il doit financer lui même pour suivre le mouvement.
Un confrère dans la salle rebondit sur ces propos et interroge l’assemblée sur qui devra financer à terme le Dossier Médical Personnel présenté comme une avancée fondamentale dans la prise en charge «moderne» de l’AVC.
Des associations nous interpellent sur le fait qu’elles ne trouvent tout simplement pas de praticiens pour prendre en charge leurs patients là où l’HAS recommande de rééduquer plus longtemps les personnes souffrant des séquelles d’AVC.
Deux patientes touchantes, expriment toute la gratitude qu’elles ont envers leurs « kiné(e)s » qui ont été des éléments essentiels pour surmonter leur handicap, lourd au quotidien.
Il ne faut jamais négliger les signes exprimés par nos jeunes.
Face à des praticiens et des patients qui sont restés jusqu’à la fin en se disant qu’il continueront à faire comme ils peuvent avec les moyens qu’ils ont, les étudiants présents ont compris que la prise en charge de l’AVC ne servirait pas forcément leurs intérêts immédiats. Ils ont quitté massivement la salle avant la fin sous les appels désespérés d’une représentante d’association qui leur disait « ne partez pas vous représentez notre avenir »…
Au delà du constat qui, bien qu’alarmant, est intéressant, ce type de journée doit nous amener à réfléchir.
– Les recommandations de l’HAS sont-elles tout simplement applicables?
– Pourquoi existe-t-il un fossé entre les besoins des patients et les prises en charges, tant en ville qu’à l’hôpital?
– Pourquoi certains libéraux ne voient jamais de patients hémiplégiques?
Quelques confrères auront la fibre militante et en feront un cheval de bataille en se tournant vers les syndicats. Il n’est certainement pas dans le rôle du conseil de l’ordre de prendre position. Cependant, nous ne remplirions pas notre mission, en ne vous communiquant pas ces informations qui reflètent bien la réalité des choses.
C’est aussi cela : Evaluer nos Pratiques Professionnelles.
C’est ainsi que se fera notre Développement Personnel Continu.